
A Amiens tout le monde connait l’horloge Dewailly. Elle fut installée en 1896. Mais il manquait la statue que Roze ne posera qu’en 1898 : un bronze représentant une femme quasiment nue évoquant une déesse du printemps, la Marie sans chemise.
A Amiens tout le monde connait l’horloge Dewailly, du nom de celui qui a décidé de sa construction en 1888. Dewailly était maire d’Amiens et, à sa mort, lègue une grosse somme d’argent pour édifier une horloge afin que les Amiénois de condition modeste qui n’avaient pas de montre puissent avoir l’heure et ne pas rater leur train.
C’est l’architecte Riquier qui conçoit la colonne métallique d’un style rococo, destinée à recevoir les 3 cadrans de l’horloge mais aussi une statue en bronze que devra réaliser Albert Roze, le sculpteur picard bien connu. Malheureusement Riquier et Roze ne s’entendent pas et s’accusent mutuellement du retard pris pour la réalisation. L’horloge ne fut terminée qu’en 1896 mais il manquait la statue que Roze ne posera qu’en 1898 : un bronze représentant une femme quasiment nue évoquant une déesse du printemps.
Les puritains s’indignent et crient au scandale mais le peuple Amiénois l’adopte rapidement et la baptise « Marie sans chemise ». Les amoureux s’embrassent sur son socle et les étudiants l’habillent de manière plus ou moins sexy lors des bizutages.

En 1940 alors qu’Amiens est bombardé, la statue est démontée et mise en lieu sûr ; la colonne épargnée reste debout. Après guerre alors que l’on reconstruit Amiens un journaliste du Courrier Picard, Albert Sprecher, dénigre l’œuvre de Riquier en des termes discutables : « qui libérera Marie sans chemise de l’effroyable verroterie nègre qui la déshonore » dira t-il. Il obtient gain de cause et la colonne est démontée, abandonnée dans un terrain vague et vendue en petits morceaux aux ferrailleurs par les habitants.
Heureusement Marie sans chemise échappe au massacre et est réinstallée sur un socle en 1965 mais sans la colonne.

Sous l’impulsion de de Robien alors maire d’Amiens, la colonne, dont les plans avaient été conservés, est refaite puis réinstallée au début des années 2000. Marie Sans chemise retrouve alors son siège rue des Sergents, quelques mètres derrière la place Gambetta son emplacement d’origine.
